" Vous avez dit halal ? ". Normativités islamiques, mondialisation et sécularisation,
Colloque international, 7-8 novembre 2013, Salle Claude Lévi-Strauss, Paris, France.
Résumé :
Partant du postulat en vertu duquel le terme Halâl a
subi un « élargissement sémantique » ne le limitant plus au seul
« permis » et à la qualification donnée à la viande carnée, pour devenir
l'expression de comportements jugés conformes à la normativité
islamique où plus exactement à certaines de ses interprétations, il
semble intéressant d'étudier les rapports entre cette Halâl attitude, et
plus largement les normes islamiques qui les sous tendent, avec le
droit français.
Souvent présentés sous le seul
prisme de l'antagonisme normatif, ce dernier ne suffit cependant pas à
résumer les rapports entre normativité islamique et droit français
ceux-ci oscillant entre quatre variantes :
Dans une logique d'acceptation,
certaines prescriptions religieuses musulmanes sont intégrées sans
difficultés dans le cadre juridique français alors que d'autres se
trouvent à l'origine de compromis, de retraductions ou de confrontations
quelquefois frontales avec celui-ci.
1. Le domaine où l'acceptation est la plus spectaculaire est celui de la finance islamique où les produits financiers Halâl sont
désormais compatibles avec le droit bancaire français. Cette
perméabilité à l'égard de la normativité islamique est souhaitée et
encouragée par les pouvoirs publics.
2. Il est d'autres domaines où c'est
l'esprit de compromis qui domine. Par compromis, il faut comprendre des
évolutions réciproques, la norme islamique étant adaptée au cadre
juridique français, le droit français prenant en considération les
prescriptions islamiques. C'est particulièrement le cas en matière
funéraire.
3. L'opération de retraduction va
permettre, sans provoquer l'introduction pure et simple d'une norme
islamique dans le système juridique, d'en faciliter la reconnaissance
symbolique et de poursuivre certains de ses objectifs. Ainsi, les
fondations d'utilité publique, les fonds de dotations, tout comme les fiducies constituent
des dispositifs juridiques permettant aux musulmans de mettre en œuvre
des actions similaires à celles permises par les waqf ou Habous et de satisfaire ainsi à l'Halâl attitude précédemment évoquée.
4. Il est enfin des cas où la
volonté des musulmans de se conformer à certaines normes religieuses
vécues comme obligatoires se heurte au droit français, de manière plus
ou moins frontale. C'est notamment le cas concernant certaines normes
vestimentaires (Hijâb et niqâb) et alimentaires (repas composés à partir de viande Halâl dans les cantines scolaires publiques).