Frontières, sociétés et droit en mouvement : les politiques migratoires méditerranéennes, de l’europe au Sahel
8-9 octobre 2015, MMSH, Aix-en-Provence, France
Rencontre internationale organisée par le
Centre d’Études et de recherchesinternationales et communautaires (CERIC) et le
Laboratoire méditerranéen de sociologieCoordination scientifique: Sylvie MAZZELLA, Directrice du LAMES, CNRS-AMU & Delphine PERRIN, Chargée de recherche Marie-Curie, CERIC, CNRS-AMU.
Résumé de l'intervention
L'objet de cette contribution est d'explorer la conjonction entre demandes externes et priorités internes dans la fabrique des politiques migratoires en Mauritanie. Au-delà du rappel de l'emprise qu'exerce, structurellement en cette matière, le jeu concomitant de « l'interne » et de « l'externe », il s'agit davantage, et surtout, d'identifier, entre ces deux pôles d'influence, les termes constitutifs d'une relation mouvante, et cependant établie.
En prélude d'articulations déterminées, les rapports des logiques domestique et extérieure témoignent, ici, d'une interaction permanente, voire d'une dialectique, nourrie de conciliation souvent, de télescopage à l'occasion, de réciproque instrumentalisation toujours. En apparence dictées « de l'extérieur », sur fond de rivalité d'intérêts et de rapport de forces inégal, les orientations de la politique migratoire nationale procèdent, en réalité, d'un déterminisme moins unilatéral et vertical qu'il n'y paraît. Entre les sollicitations éminemment sécuritaires « de l'extérieur », les attentes principalement souverainistes et/ou de survie « de l'intérieur » se noue d'abord, plus qu'une possible coïncidence, une convergence implicite où, par un subtil retournement, les objectifs déclarés de « l'extérieur » serviront autant de caution commode à de moins avouables préoccupations internes. Au demeurant, la consignation au périmètre sécuritaire des principales demandes externes laisse quasiment intacte, sur les autres aspects, l'autonomie d'action – si ce n'est d'option – d'un régulateur national dont tout semble accréditer, en définitive, qu'il tire parti d'une prépondérance maintenue de « l'informel », en s'efforçant à n'excéder, sous ce rapport et jusqu'ici, le seuil du « service juridique minimum ».