Mise en ligne :
09/05/2006
Type d'activités :
Conférence
Format :
Vidéo
Durée en mn :
00:36:02
Langue :
Français
Discipline :
Anthropologie
Domaines d'intérêt :
Anthropologie de la Méditerranée; Conflits; Echanges; Frontières; Religieux
Mots-clés :
Concept de Méditerranée
Couverture
géographique :
Méditerranée; Monde arabe; Maghreb; Moyen-Orient
Couverture chronologique :
Institution(s) :
Personne(s) :
Contenu de la page
La Méditerranée entre les cultures
Cycle de conférences : Penser la Méditerranée
9 mai 2006, Alex-Med, Bibliotheca Alexandrina, Alexandrie, Egypte
La Méditerranée s'impose comme une donnée géographique, mais aussi
comme un référentiel qui habite notre imaginaire. Il y a cependant une
autre représentation de la Méditerranée à encourager: celle d'un lieu de
confrontation professionnelle et non polémique où l'altérité se
construit au sein même des traditions anthropologiques nationales et des
écoles de pensée. Un lieu où se prennent en charge de façon critique
mais féconde les apports des différentes générations d'anthropologues
qui ont travaillé dans cette région.
La crise de la Méditerranée
comme “lieu” adéquat pose un problème de délimitation des catégories
régionales de comparaison. A ce propos on ne peut s’empêcher de
remarquer que certains auteurs associent le rejet de la notion de
“Méditerranée” à des propositions qui font preuve d’un certain
flottement. Il n’est pas impossible de voir le même chercheur défendre
successivement trois perspectives comparatives différentes rejetant la
“Méditerranée”.
Plus généralement les unités de comparaison trouvées
en remplacement (que ce soit le “Moyen-Orient”, l’Europe, les nations ou
les ethno-nations) sont frappées des mêmes maux que ceux que l’on
reproche à la notion de Méditerranée. A quelque échelle que l’on se
situe, on court le risque d’être métaphysique, atomiste, ethnocentrique
et essentialiste. De plus, dans la discussion sur les conditions
requises d’une unité comparative on a lourdement mis l’accent sur la
continuité et l’uniformité culturelle. La catégorie “Méditerranée” est
rejetée parce que cette zone ne réunit pas ces caractéristiques qui
seraient présentes dans des unités homogènes plus petites. Je prétends,
au contraire, qu’une concentration sur le pourtour méditerranéen
pourrait donner des comparaisons très fructueuses, justement à cause
d’une interaction complexe entre ressemblances et différences.
Cette
idée a été défendue par Evans-Pritchard, qui proposait que les
anthropologues étudiant les peuples méditerranéens se soucient moins de
leur similitude que des différences qui les séparent (1965: 25). Comme
l’ont affirmé Schorger et Wolf (1969) la Méditerranée “attire les
sciences sociales en tant qu’univers de comparaison interne à cause des
contre-courants qui s’y croisent entre les similitudes de base dues à
des circonstances écologiques communes et à une histoire
inextricablement partagée, et les différences régionales que l’on peut
identifier superficiellement entre des régions économiques contrastées,
ou entre les christianismes oriental et occidental, ou, à un niveau plus
général, entre les zones chrétienne et musulmane” (1969; voir aussi
Pitt-Rivers, 1963). L’intégration des deux rives de la Méditerranée dans
le même cadre comparatif peut permettre une meilleure analyse du niveau
de pratique et obliger à discuter “de la question vraiment nécessaire
sur ce qui dans ce secteur est vraiment uniquement ou même
significativement chrétien ou musulman, grec ou turc, espagnol ou
marocain” (Schorger, 1983: 542-543).